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POURQUOI LES PSYCHOLOGUES CONTESTENT LE PROJET DE REMBOURSEMENT DE 4 A 8 SEANCES

Le 27 octobre 2021
Le gouvernement propose un texte de loi prévoyant le remboursement de 4 à 8 séances chez le psychologue.  Une mesure certes attendue par le public , mais éloignée des conditions d'exercice professionnel et prise sans concertation avec les psychologues.

La pandémie de Covid et les confinements ont mis en évidence une aggravation de la santé mentale des Français (anxiété, dépression, addictions), comme l'ont montré de nombreuses études. A priori, on ne pourrait que soutenir une telle initiative, attendue par le public ...et par la plupart des psychologues, si elle avait été réfléchie en concertation avec les intéressés eux-mêmes. Ceci aurait permis d'éviter que les conditions de son application soient incompatibles avec la réalité de la profession.

...« Un parcours de soins » via le médecin généraliste auquel est demandé une expertise en « psychopathologie »

Jusqu'alors, l’articulation et la collaboration confraternelle des psychologues (qui pour la plupart ont une formation solide en psychopathologie) et des médecins s'est déroulée naturellement dans le secteur libéral. Une personne qui souhaite rencontrer un psychologue et bénéficier de la prise en charge des consultations par l’assurance maladie devra désormais demander à un médecin généraliste une prescription, après administration d'un questionnaire d'évaluation des troubles . 

Ce parcours risque d'alourdir et retarder la démarche du patient

On sait par ailleurs que le passage obligé par un médecin généraliste retarderait considérablement la démarche de consultation psychologique De plus, le patient devrait ainsi « déposer » une 1 ère fois son histoire auprès du médecin avant de rencontrer le psychologue.

Des conditions d'exercice indignes de la profession

Dans le processus tel qu'il est prévu, une fois l’autorisation médicale donnée, le psychologue recevra la personne pour quelques séances et percevra une rémunération (30 euros) qui correspond à un peu plus de la moitié des honoraires qu’il perçoit d’ordinaire dans sa pratique libérale, et ce, à l'issue de ce processus, ce qui revient à dire qu'il serait rémunéré avec au minimum un à deux mois de retard.

Quelles alternatives pour les psychologues?

Cette question du tarif conventionné (non dépassable) contraindra les psychologues soit à « bâcler » leurs séances, soit à ne plus pouvoir survivre économiquement

Durée des séances : Il est envisagé que les 8 séances (au maximum) aient une durée de 30 minutes, alors que la plupart d'entre nous consacrons une heure à chaque patient (le plus souvent 45 minutes + ¼ h de prise ou relecture de notes. (ce battement d'un quart d'heure participe également à la déontologie à laquelle nous sommes très attachés, en évitant que nos patients se croisent) .

Les psychologues qui adhéreraient à ce dispositif auraient alors 2 possibilités :

S'en tenir aux 30 minutes afin de maintenir leur pouvoir d'achat (thème d'actualité!) en enchainant les consultations. Il est peu probable que les patients s'y retrouvent, car l'exercice de ce métier exige une concentration, une écoute et une présence à l'autre incompatibles avec le stress et le « bâclage » !

Ou bien le psychologue en libéral continue à recevoir les personnes au rythme d'heure en heure, et il sera rémunéré 30 euros de l'heure, c'est à dire environ 15 euros , une fois les charges déduites.

Un métier exigeant pour le respect des personnes qui nous consultent

Un revenu au SMIC... ? Ceci après 5 années au minimum d'études exigeantes, après avoir suivi pour nombre d'entre nous des formations complémentaires pour approfondir certains champs , après avoir continué d'assister une fois en exercice, le plus souvent sur notre temps et nos deniers personnels, à des colloques, conférences, lectures, supervisions,etc... dans un souci de respect du public .

Favoriser l'accès aux soins psychologiques pour tous est tout à fait souhaitable, mais à ce jour la mesure qui sera présentée au Parlement et au Sénat n'est compatible ni avec le respect du patient, ni avec le respect du professionnel psychologue. 

Les psychologues ont saisi les parlementaires afin de demander le depôt d'amendements tenant compte de ces problèmes.